266                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
par le détail tout ce qu'il a fait pour enlever aux provinces fla­mandes une cles sources de leur fortune au bénéfice de la France, il convient d'exposer la situation de l'industrie de la tapisserie chez nos voisins pendant Ia première moitié du xvii0 siècle.
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Un fait considérable, plein de graves conséquences, domine l'his­toire des ateliers flamands au commencement du xvii0 siècle. Attirés par les nombreux avantages qui leur sont offerts, les plus habiles ouvriers partent pour les pays étrangers. Marc de Comans et François de la Planche viennent se fixer à Paris dès 1602, pour y foncier la première manufacture cles Gobelins. Vincent van Quic­kelberghe, après quelques années de séjour à Arras, s'établit défini­tivement'à Lille. Daniel Pepersack est appelé par le duc de Mantoue pour installer l'atelier de Charleville. En 1603, Jean van cler Biest prend la direction de la manufacture de Munich, qui compte un moment trente-sept ouvriers. Dix ans plus tard, en 1612, Herman Labbe est placé à Ia tête des tapissiers attirés à Nancy par le duc de Lorraine. Francis Crane crée l'atelier anglais de . Mortlake ; d'autres transfuges enfin se rendent en Danemark et en Autriche.
Bruxelles. — Une pareille émigration devait causer un tort énorme à l'industrie flamande. Les métiers bruxellois, privés de leurs plus habiles artisans, se trouvaient placés clans une situation désastreuse. L'archiduc Albert fit d'énergiques efforts pour arrêter le mal. Parmi les mesures prises aussitôt après son arrivée, une des plus efficaces fut les exemptions de charges et d'impôts. C'était un des appâts qu'on faisait toujours luire aux yeux cles tapissiers pour les décider à abandonner leur terre natale. Un arrêt du conseil privé, en date du 18 septembre 1606, exemptait les tapissiers de la garde bourgeoise, charge très lourde pour les habitants de Bruxelles. En mème temps, l'impôt sur la bière était réduit en leur faveur, avan­tage auquel les Flamands se montraient toujours fort sensibles.
L'archiduc ne s'en tint pas là. Par de nombreuses acquisitions, il fournit du travail aux ateliers de la capitale. Il leur accordait en mème temps des subventions qui s'élevèrent, en une seule année, à Ia somme de 13,000 florins.